Utopie & Dystopie

Introduction

Je me permets de faire un article pour ses deux sous-genres de la Science-Fiction, car ils sont intimement liés, et s'opposent en même temps. Le premier apparu, l'Utopie, a donné naissance bien plus tard au deuxième, la Dystopie. Qui de nos jours, a enflammé la littérature jeunesse et young adulte avec Hunger Games, Divergentes..., et bien d'autres.

Leurs étymologies s’opposent, alors quand vrais de nombreux points communs les réunissent.

Utopie

Histoire

Le terme « utopie » vient du grec « ou » (non) et topos (lieu) et signifie « le lieu qui n’existe pas » et renvoie à la représentation d’un monde idéal. Une autre étymologie serait possible, à partir des termes grecs “eu” et “topos” signifiants : “lieux heureux”.

C’est Thomas More, humaniste anglais, qui crée le mot qu’il donne au titre de son œuvre, ”Utopia” en 1516. Un sous-genre de la Science-fiction qui a revêtu bien des formes et subi des changements au fil du temps.

On retrouve des précurseurs avec Platon est son œuvre “La république”, et celle d’Aristote avec “La Politique”.

Cependant évoluant différemment le long des époques, l’utopie littéraire fait preuve d’une richesse à part, puisque toutes les significations et les multiples valences du concept proprement dit se reflètent dans son incarnation littéraire. Si le XVI^e siècle connaît la naissance du genre, encore confuse et ambiguë, le XVII^e siècle est celui du développement et de la « maturité » des récits utopiques, qui explosent littéralement à l’époque des Lumières : La Cité du soleil de Tommaso Campanella en 1623, La Nouvelle Atlantide de Francis Bacon en 1627.

En France, c’est au XVIII^e siècle que certains récits appartenant à l’aire utopique prennent une coloration futuriste, comme dans L’an 2440 de Louis-Sébastien Mercier en 1771, ou dans L’an 2000.

Écrivain utopique : la littérature et la philosophie ont fourni plus d’une occasion de réfléchir au meilleur des mondes.

Rabelais
Francis Bacons
Voltaire
Charles Fourrier

Certains textes s’inspirent de l’utopie tout en restant méfiants face à l’uniformité décrite dans la plupart des textes utopiques. On parle alors de contre-utopies.

Caractéristiques

Ces voyages extraordinaires semblent illustrer les aspirations à la modernité dès la Renaissance et le XVII^e. À l’origine, l’utopie consiste en la description sociopolitique d’un monde imaginaire idéal, abordé accidentellement : il s’agit d’imaginer comment la vie en société pourrait se dérouler en un autre lieu, à un autre moment.

L'utopie se présente comme un genre littéraire qui pousse à explorer des idées novatrices dans les domaines politiques, sociaux et moraux, tout en offrant une critique audacieuse du monde réel. Par le biais d'un registre souvent satirique et ironique, elle remet en question des concepts établis tels que la valeur de l'or et de l'argent, perçus comme des sources d'inégalités sociales. L'utopie dépeint un idéal de régularité et d'uniformité sociale, mettant en lumière les contraintes et les limitations du conformisme. Ses récits matures abordent fréquemment des thématiques profondes comme la politique, l'économie et la religion, offrant ainsi une vision critique et provocatrice de la société. En stimulant la réflexion sur des alternatives radicales et en envisageant des sociétés idéales souvent irréalisables, l'utopie incite à repenser les fondements de notre existence collective pour un avenir potentiellement transformé.

Ce genre qui consiste à imaginer une société idéale, indépendamment de toutes les contraintes de la réalité. Quand elles sont décrites dans les œuvres littéraires, les utopies sont généralement des sociétés dans laquelle tout est entièrement planifié. Elles peuvent même prendre les traits du totalitarisme. L’utopie présente souvent une bonne dose de pessimiste face au réel qui ne satisfait pas les attentes. La temporalité ouverte fait appartenir ce sous-genre à la Science-Fiction. Elle relève d’un imaginaire spéculatif, et demeure le plus souvent de l’ordre de la rêverie, toute sociale soit-elle.

Comme elle présente un monde où les Hommes sont libres et heureux, l’utopie sert à critiquer implicitement le réel. L’auteur veut pointer les défauts de la société dans laquelle il vit pour faire réagir le lecteur. Elle permet de faire réfléchir sur l’organisation sociale et propose des idées nouvelles pour améliorer la vie en société.

Dystopie

Histoire

La dystopie, qu'on appelait plutôt "contre-Utopie" ou "anti-Utopie" avant que le terme "dystopie" se popularise, vient de l'anglais. La contre-utopie tire ses origines de deux genres littéraires du XVIII^e siècle. Elle s'inspire d'abord des fictions satiriques s'attaquant aux œuvres utopiques, à l'instar des Voyages de Gulliver de Jonathan Swift, mais aussi du roman d'anticipation, popularisé par Louis-Sébastien Mercier.

Le XX^e siècle et ses régimes totalitaires ont d’ailleurs inspiré de nombreux créateurs. La dystopie moderne est réellement apparue au début du XX^e siècle avec Le Talon de fer de Jack London. Publié en 1908, ce roman décrit une tyrannie capitaliste fasciste dotée d'un système répressif impitoyable. Par la suite, c'est l'écrivain Aldous Huxley qui s'intéressera aux complications potentielles de la société de consommation naissante avec Le Meilleur des mondes, publié en 1932. Le célèbre Ravage de René Barjavel, sorti en 1943, traite des progrès scientifiques en imaginant une société soudainement privée d'électricité. L'humanité n'a alors pas d'autres choix que de se reconstruire sur de nouvelles bases.

La deuxième partie du XX^e siècle est marquée par plusieurs ouvrages contre-utopiques devenus célèbres. On peut citer Fahrenheit 451 de Ray Bradbury, La Planète des singes de Pierre Boulle ou Soleil Vert d'Harry Harrisson. Margaret Atwood signe avec La Servante écarlate un récit dystopique angoissant dans lequel un régime religieux totalitaire asservit les femmes à des fins reproductives.

Un des romans les plus célèbres de ce genre littéraire est évidemment 1984 de George Orwell. Comme pour La Ferme des animaux, qui est une satire de la révolution russe, l'auteur y dépeint un monde totalitaire. L'émergence du régime soviétique, puis du national-socialisme, a ainsi inspiré de nombreux romans contre-utopiques. Cet univers fictif est décrit par des protagonistes prisonniers d'un système initialement mis en place comme un vrai projet utopique. La narration est parfois développée dans une dimension fantastique, mais elle reste le plus souvent très proche de la réalité afin d'accentuer ses dénonciations et son pouvoir oppressant.

Puis à l’aube du XXI^e siècle, les grands bouleversements sociaux qui ont marqué les cinq dernières décennies et la redéfinition d’une responsabilité morale globale alimentent toujours les réflexions de l’utopie et de la dystopie, et ce tant sur la scène politique, que social ou artistique.

De nos jours, les dystopies mêlent généralement des thèmes contemporains tels que les dangers de la manipulation des médias, de l'intelligence artificielle ou encore du réchauffement climatique. Elle touche un plus large éventail de lectorat depuis l’entrée au XXI^e siècle avec des ouvrages publier pour la jeunesse et young adulte, comme Hunger Games de Suzanne Collins qui a popularisé le genre dans la littérature. Et qui a emmené l’apparition de nombreux livre dystopie à destination de la jeunesse.

La dystopie devient révélatrice des grandes problématiques actuelles et le lectorat « young adult » n’y est pas insensible. Ces romans s’appuient sur les inquiétudes que les jeunes peuvent avoir face à l’avenir qu’on leur propose et traitent de sujets qui collent à leurs préoccupations (l’amour, la jeunesse, la beauté, le bonheur). Mieux encore, ils offrent une vision souvent très positive de l’adolescence via de jeunes héros qui mettent leurs qualités au service de la rébellion, parfois jusqu’au sacrifice pour l’avènement d’un monde meilleur. Ces jeunes héros se lèvent et disent « non ». La dystopie apparaît comme un genre dans lequel les jeunes adultes et les adolescents se reconnaissent.

Caractéristiques

Elle reprend pour inverser ou dénoncer les structures et caractéristiques des utopies classiques (Platon, Campanella, Thomas More ou même les mouvements de "socialisme utopique" du début du XIX^e siècle). On nous montre ainsi des mondes très structurés, aux répartitions sociales contraignantes (les 13 Districts de Hunger Game, les 5 factions spécialisées de Divergente, les 5 castes du Meilleur des mondes), éliminant la liberté individuelle pour le bien supposé de tous. Dans chacune de ces exemples, un individu va échappera à ce contrôle social omniprésent, par amour ou parce qu'il est irrémédiablement différent, la réussite de sa révolte n'est pas cependant systématique.

La dystopie, par sa nature satirique et ironique, se distingue par sa proximité avec la réalité contemporaine. Elle explore les dynamiques de pouvoir entre dominants et dominés, s’appuyant souvent sur des faits historiques et réels pour renforcer son impact politique. Les dystopies abordent fréquemment des thématiques cruciales telles que la politique, l’économie et la religion, offrant des récits matures ancrés dans des univers riches en histoire. À travers une critique subtile du monde réel, les auteurs dystopiques visent à susciter une réflexion profonde chez leurs lecteurs, en mettant en lumière les imperfections de la société actuelle et en suggérant des voies novatrices pour améliorer la vie en communauté. La dystopie agit ainsi comme un avertissement, projetant dans l’avenir les défauts d’une société perfectible, tout en offrant une lueur d’espoir pour éviter le pire par le biais d’une introspection critique et constructive.